Jeux Olympiques d’Hiver à Pyeongchang – quel symbole ! Car la Suisse joue un rôle apaisant dans les relations houleuses entre Corée du Sud (site des Jeux) et Corée du Nord. Guerre de Corée 1950-1953 : la Suisse neutre fera partie – comme la Suède – de la Commission chargée de gérer le cessez-le-feu. Nos officiers y font des séjours remarqués. Relations diplomatiques : elles se nouent avec le Sud (1962), puis avec le Nord (1974). En cela, la Suisse suit le modèle adopté avec d’autres Etats divisés. Mais alors que l’Allemagne et le Vietnam finissent par se réunifier, les Corées restent farouchement séparées. Chine continentale et Taiwan y ressemblent – un peu.
Mieux ! Genève sera le lieu d’entretiens difficiles entre les Etats-Unis, la Chine et les deux Corées. Partenaires si dissemblables ! Au Nord, la dynastie stalinienne des Kim – Kim Il-Sung, Kim Jong-Il, Kim Jong-Un – règne depuis l’après-guerre. Avec la Suisse, elle entretient des liens mystérieux. Le troisième Kim y aurait fait des études (en région bernoise). Au Sud, la démocratie pluraliste – aujourd’hui présidée par Moon Jae-In – progresse. Aux antipodes.
Entre Suisse et Corée du Sud, la parenté est la plus évidente. Comme d’autres acteurs de la région (ex : Japon, Taiwan, Hong-Kong, Singapour), le Sud est le théâtre d’une révolution industrielle spectaculaire. Ce modèle inspire Chine continentale ou Vietnam (avec maintien de régimes « durs »). C’est l’Asie de Confucius. Le Nord, lui, cultive son armement nucléaire et balistique. Mais, avec les Jeux, la Suisse d’Alain Berset et ses athlètes sont bien au cœur d’un univers puissant, dangereux, fascinant.