Carla del Ponte peut sourire. La "prise" de Karadzic, c’est aussi sa gloire

24.07.2008

Carla del Ponte triomphe-t-elle ? Radovan Karadzic – ancien chef des Serbes de Bosnie et l’un des derniers grands criminels de guerre présumés de l’ex-Yougoslavie – tombe dans les mains de la justice. Pendant son long règne comme procureure du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie (entre 1999 et 2007), elle le traque inlassablement. Elle se heurte à des résistances coriaces, voire à de la mauvaise volonté manifeste. Ses reproches vont aussi bien à des acteurs comme la Serbie, la Russie et la Bosnie qu’aux services américains comme la CIA (Central Intelligence Agency). Carla del Ponte quittera le Tribunal avant d’avoir mis la main sur Karadzic

Il faudra l’entrée en action affirmée de l’Union européenne pour que les recherches aboutissent. Car la Serbie souhaite se rapprocher de l’Union. Et l’Union le sait. Mais la Serbie sait aussi que seule l’arrestation des criminels de guerre en fuite sera en mesure de favoriser l’ouverture de vraies négociations. Il reste encore à retrouver Ratko Mladic (autre ex-chef serbe de Bosnie) et Goran Hadzic (ex-chef serbe de la Krajina). Et la liste sera bientôt close.

Bien sûr, Carla del Ponte pourrait être partagée entre la déception de n’avoir pas pris Karadzic elle-même et la satisfaction de voir cette traque se terminer enfin. Mais la Tessinoise – aujourd’hui reconvertie dans la diplomatie – réalise une bonne partie du travail. Sous sa direction, le Tribunal procède à 161 mises en accusation et au jugement de 94 accusés. Sa plus belle « prise » sera celle de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic. Personnalité parfois jugée rugueuse et incontrôlable, Carla del Ponte laisse une forte trace.