Carla Del Ponte, qui échappa à des attentats, fait à nouveau sursauter

17.04.2008

Carla Del Ponte – figure scintillante de la lutte contre le crime – passe par un rude moment. Son livre « La chasse. Moi et les criminels de guerre » fait fureur. Cette Tessinoise combative y accuse des dirigeants du Kosovo d’avoir trempé dans un trafic d’organes prélevés sur des Serbes. Or, les preuves manqueraient. Elle reproche aussi à la Serbie, à la Russie et à la Bosnie d’avoir entravé son travail de procureure dans l’ex-Yougoslavie. Aujourd’hui ambassadrice en Argentine, elle trouble le Département fédéral des Affaires étrangères de Micheline Calmy-Rey

Elle est fascinante, Carla Del Ponte. Comme Paolo Bernasconi ou Dick Marty, elle fait partie de cette brillante équipe de juristes tessinois – souvent proches du Parti radical – qui se font un nom dans le combat contre la criminalité économique. Née en 1947, Carla Del Ponte devient en 1985 procureure du Tessin, en 1994 procureure général de la Confédération, en 1999 procureure du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie (et, plus brièvement, pour le Rwanda).

Sa carrière est mouvementée. En Suisse, son style rugueux lui vaut des ennemis. D’impressionnants gardes du corps l’entourent. En Italie et en Colombie, elle échappe à des attentats. Elle coopère avec l’Italien Giovanni Falcone, tué par la mafia. En ex-Yougoslavie, elle mène161 mises en accusation. 94 accusés y sont jugés. Mais, à fin 2007, Radovan Karadzic et Ratko Mladic lui échappent toujours. De retour en Suisse, elle préfère bifurquer vers la diplomatie plutôt que de revenir au Ministère public à un moment où Christoph Blocher pilote encore le Département de Justice et Police. Les aventures haletantes de Carla Del Ponte continuent.