Christiane Brunner, cette femme d’exception a tout gagné. Enfin presque

09.10.2007

Christiane Brunner ! Une aventure hors-série s’achève. Née en 1947, cette Genevoise réussit presque tout. Avocate, elle défend les droits de la femme avec brio. En 1991, elle est l’une des organisatrices d’une fameuse « grève des femmes ». Vite, elle devient une figure incontournable de l’Union syndicale suisse (USS). Elle préside le Syndicat des Services publics (SSP), puis la Fédération des travailleurs de la métallurgie et de l’horlogerie (FTMH, intégrée plus tard dans UNIA). Elle co-préside aussi – avec Vasco Pedrina – l’USS elle-même. Au Parlement, elle brille quatre ans au Conseil national, puis douze au Conseil des Etats (entre 1991 et 2007). Elle préside même le Parti socialiste suisse (PSS) de 2000 à 2004. Avec elle, il progresse encore. Tous font appel à Christiane Brunner

Seul lui échappe le Conseil fédéral. En 1993, les socialistes la proposent comme candidate à la succession du Neuchâtelois René Felber. Echec ! Le 3 mars, le Parlement lui préfère Francis Matthey, autre Neuchâtelois. Sur la Place fédérale, des femmes disent leur colère. Mais le scénario de 1983 – Lilian Uchtenhagen évincée, Otto Stich élu – ne se répète pas. Matthey, qui devine le drame, demande à réfléchir. Peter Bodenmann, président du parti, dirige la manoeuvre. Pour sauver une candidature féminine, pense-t-il, il faut joindre à Christiane Brunner une seconde candidate. Ce sera Ruth Dreifuss – secrétaire à l’USS, avec attaches genevoises elle aussi. Le 10 mars, Matthey renonce. Et Ruth Dreifuss passe. La cause des femmes l’emporte, mais, pour Christiane Brunner, ce succès est amer. Aujourd’hui atteinte dans sa santé, cette femme d’exception n’a pas fini de lutter.