Christoph Blocher! Peu de gens ont donné au débat public tant de véhémence. Il peut rebondir

16.12.2007

Christoph Blocher destitué ! Eveline Widmer-Schlumpf couronnée ! Le coup porté par le Parlement est brutal. Un premier sondage semble approuver cette recomposition à l’arraché du Conseil fédéral (60% de oui, 27% de non). Si le peuple devait trancher lui-même, le défaite du tribun serait peut-être plus large encore (54% pour Widmer-Schlumpf, 34% pour Blocher). On le sait : le Parlement préférera la Grisonne au Zurichois par 125 voix contre 115. Certains reprocheront au vaincu d’avoir confondu – pendant ses quatre années de Gouvernement – son rôle de Sage et son statut de chef de parti. Et ils l’emporteront

Pour Blocher, c’est un coup dur. C’est grâce à lui que l’Union démocratique du centre (UDC), longtemps quatrième parti, devient le premier. Entre 1987 et 2007, elle passe de 11% à 28,9% des voix. Rare. Sous Blocher, l’UDC change aussi de ton. Elle devient inflexible sur l’« indépendance » de la Suisse, sur le durcissement des règles frappant les réfugiés et les étrangers. En matière économique et sociale, elle se fait « néo-libérale ». Cette aile « blochérienne » prend le contrôle de l’UDC. Et Blocher donne à la discussion politique une véhémence hors du commun.

Alors ? Une retraite de Blocher ferait-elle perdre de la vitalité au débat ? Voyez les trois premiers Conseillers fédéraux destitués : Ulrich Ochsenbein (en 1854), Jean-Jacques Challet-Venel (en 1872), Ruth Metzler (évincée par Blocher en 2003). Après la chute, aucun ne revient au sommet de l’affiche. Le cas de Blocher pourrait être différent. A 67 ans, il conserve une énergie enviable. Ses amis souhaitent son accession à la présidence de l’UDC suisse. Ce phénomène peut rebondir.