Christophe Keckeis, premier chef de l’armée, s’en va. Ce Neuchâtelois parle carré

22.11.2007

Christophe Keckeis – premier chef de l’armée suisse en temps de paix – achève son règne de cinq ans sur une note bizarre. La publication d’un livre à sa gloire crée un malaise. Ses auteurs appartiennent majoritairement au Département de la Défense (Philippe Zahno / Anton Schaller, « Christophe Keckeis. L’avenir de l’Armée suisse », Orell Füssli). Et il était prévu de le distribuer aux cadres de l’armée pour 100 000 francs aux frais de l’Etat. Veto du Conseiller fédéral Samuel Schmid – UDC modéré et patron de la Défense. Ce financement sera privé. L’affaire, à peu de jours de la réélection du Gouvernement par le Parlement, témoigne d’un soupçon de nervosité

Car il vaut le coup d’œil, Christophe Keckeis. Pilote d’avion, ce Neuchâtelois use d’un langage carré qui fait parfois sursauter. Son interview figurant dans le livre donne le ton. C’est un chaud partisan de la nouvelle armée, y compris de ses missions à l’étranger. Il s’accommode de ses effectifs réduits. Mais il avertit : « En cas d’agression militaire contre la Suisse, l’armée ne serait pas en mesure d’assurer de manière autonome la défense du pays ».Il est vrai, admet-il, que cette éventualité est peu vraisemblable. Il en veut beaucoup au Conseil national. Des coalitions « contre nature » formées de l’UDC et du camp socialiste-vert y ont bloqué certains projets. Et il reconnaît ne l’avoir « pas encore digéré ». C’est le style Keckeis.

Et puis, un seul chef pour l’armée en temps de paix, c’est très nouveau pour la Suisse. Ici, on préfère le pouvoir saupoudré. Avant, le chef de l’état-major général partageait le sien avec d’autres officiers. Là encore, Christophe Keckeis bouscule des habitudes. Roland Nef, son successeur dès janvier, sait ce qui l’attend.