Thomas Pfisterer, voix rauque et fin juriste, quitte la scène. Il était l’homme des naturalisations

07.10.2007

Thomas Pfisterer s’en va. Ce radical argovien fait partie des 38 élus fédéraux qui quittent la scène. C’est une carrure. Sa carrière est presque unique en son genre. Fin juriste, on le voit tour à tour juge fédéral (1986-1991), membre du Gouvernement argovien (1991-2000) et Conseiller aux Etats (1999-2007). Qui dit mieux

Voix rauque vite reconnaissable, Pfisterer joue un rôle décisif dans le rude débat pour ou contre les naturalisations d’étrangers par le peuple. Le Tribunal fédéral veut interdire ces votes populaires, une initiative de l’Union démocratique du centre (UDC) entend les rétablir. Pour le sénateur Pfisterer, ce qui compte, c’est qu’un refus de naturalisation – même populaire – soit motivé et qu’une voie de recours soit ouverte. Le Conseil des Etats le suit. Mais pas le Conseil national. Lui souhaite carrément mettre fin – comme le Tribunal fédéral – à ces votes populaires. L’affaire se dénouera donc après la retraite de Thomas Pfisterer. On retient son souffle. Car, dans cette Suisse de la démocratie semi-directe, les droits populaires conservent du prestige. En face, les exigences de l’Etat de droit – rejet de l’arbitraire, besoin d’une motivation, voie de recours, etc – pèsent lourd, elles aussi. Pfisterer, qui connaît tout cela mieux que personne, tentait là une synthèse audacieuse.

Il y a quelques jours à peine, Pfisterer faisait triompher au Conseil des Etats une proposition pour la relance de projets ferroviaires – dont certains sont importants pour la Suisse romande. La Berne fédérale voulait les renvoyer aux calendes. C’est encore un passionné des relations entre droit suisse et droit européen. Il sera dur à remplacer, Thomas Pfisterer.