Avions? Le peuple dirait «non». Pour Ueli Maurer, tout peut se passer.

Ueli Maurer, chef de la Défense et unique Conseiller fédéral UDC, affronte une drôle d’épreuve. Une nette majorité de Suissesses et de Suisses s’opposerait à l’achat de nouveaux avions de combat (64% de non, 26% de oui, sondage Demoscope, «Zentralschweiz am Sonntag», 1.1.2012)

Or, l’Exécutif propose l’acquisition de 22 appareils suédois Gripen pour 3,1 milliards de francs. Ce crédit devrait figurer dans un programme d’armement. Le Parlement pousse le Gouvernement à faire vite.

La situation d’Ueli Maurer est spéciale. Au Conseil fédéral, il est seul UDC. Son parti, le plus fort de Suisse, ne parvient pas à récupérer un deuxième siège. Lors de la réélection du Gouvernement par le Parlement du 14 décembre (notamment celle d’Eveline Widmer-Schlumpf, du PBD), Maurer manifeste publiquement son irritation. Jusqu’à présent, c’est au Parlement qu’il trouve ses meilleurs alliés. Mais l’achat de nouveaux avions pourrait conduire à des coupes ailleurs (transports, dépenses sociales, formation, recherche, agriculture, etc). Là non plus, rien n’est gagné.

Tout cela se terminera-t-il par un nouveau vote populaire – initiative ou référendum? Une nouvelle initiative anti-avions est dans l’air. Le vote pourrait être serré. En 1993, le peuple rejette une précédente initiative (elle vise alors les F/A-18 américains). C’est après la chute du Mur de Berlin (1989) et l’éclatement de l’URSS (1991), mais en pleine guerre civile yougoslave (années 1990). Pour Maurer et les partisans des avions, la lutte n’est pas perdue d’avance. Les fronts peuvent bouger.