Serge Gaillard – prochain chef de l’influente Administration fédérale des finances – est un symbole
Venu de l’Union syndicale suisse, cet homme de gauche entre en 2007 au Département de l’Economie. Il s’y saisit de la Direction du Travail (au Secrétariat à l’Economie). Doris Leuthard, Conseillère fédérale démocrate-chrétienne, l’engage. Aujourd’hui, Serge Gaillard passe à l’Administration et au Département des finances (l’une fait partie de l’autre). La présidente Eveline Widmer-Schlumpf, bourgeoise démocrate, l’installe.
Le symbole, c’est que Widmer-Schlumpf et Leuthard forment le «milieu» de l’actuel Conseil fédéral. Il leur arrive de créer des majorités de centre-gauche avec les socialistes (Simonetta Sommaruga et Alain Berset, maintenant). En 2007 et 2011, les socialistes jouent un rôle décisif dans les élections de Widmer-Schlumpf (comme dans celles, moins combattues, de Leuthard). L’arrivée de Gaillard paraît donc naturelle. Attention! A d’autres moments, ces majorités penchent au centre-droite – avec deux libéraux-radicaux et un seul UDC (Didier Burkhalter, Johann Schneider-Ammann, Ueli Maurer). Le vent peut donc tourner.
Il y a surtout le talent, peu contesté, de Serge Gaillard. Les gens de gauche, d’ailleurs, ne sont pas rares à l’Administration des finances. Waldemar Jucker, Ulrich Gygi et Peter Siegenthaler s’y font un nom. Mieux! Quatre Conseillers fédéraux socialistes occupent le Département pendant 26 ans : Ernst Nobs (1943-51), Max Weber (1951-53), Willi Ritschard (1979-83), Otto Stich (1983-95). Il y a là, il faut le dire, de fameux leviers.