Syrie: Didier Burkhalter, ministre suisse des Affaires étrangères, prend-il un risque? La Suisse, sous son impulsion, finance pour 50’000 francs (environ) une réunion à Berlin de plusieurs groupes d’opposition au régime du président Bachar al-Assad
L’Armée de libération syrienne (ALS) y est. On y découvre des contributions du Département d’Etat des Etats-Unis, d’instituts américain et allemand, d’organisations non gouvernementales norvégienne et néerlandaise («Bund» et «Tages-Anzeiger» du 30 juillet, «La Liberté» du 31 juillet). L’idée est de préparer, s’il a lieu, l’après-Assad. Pour la politique suisse de neutralité, l’affaire n’est pas banale.
Ce risque pris par le Neuchâtelois est calculé. La répression menée par les forces de Bachar al-Assad – même si les informations ne sont pas toutes fiables – est d’une violence extrême. Ce qui serait suspect, ce serait parler neutralité pour ne rien faire. Notre pays subirait alors les mêmes remarques, en gros, que la Russie et la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU. Bien sûr, rien ne garantit qu’un nouveau pouvoir syrien apporte du mieux (y compris pour les droits de l’homme et de la femme). Mais on imagine mal qu’il puisse être pire. De nouvelles fissures dans l’opposition, toutefois, inquiètent.
Et puis, la guerre syrienne est lointaine. Pour la politique suisse de neutralité, la marge de manœuvre est plus ample que, par exemple, pendant les deux Guerres mondiales. Là, un faux-pas, dans les pires moments, pouvait nous être fatal. Avec la guerre syrienne, ce péril est faible. Didier Burkhalter, sous nos yeux, réinvente peut-être une autre manière de «faire» de la neutralité.