Franz Blankart – ancien Secrétaire d’Etat – relance à son tour l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE). En 1992, il en est l’un des négociateurs
Cet EEE sera rejeté par une faible majorité du peuple (50,3% de non) et par une plus nette majorité de cantons (16 contre 7, les deux Bâles et les cantons romands disent oui). Blankart est convaincu que cet échec s’explique par l’annonce du Conseil fédéral d’alors de faire désormais de l’adhésion à l’Union européenne (UE) son objectif. 20 ans après, pour l’ex-négociateur, un «EEE adapté» reste la seule issue face au durcissement des relations entre la Suisse et l’UE (Fondation Jean Monnet, «Le Temps» du 5 octobre).
Pour Franz Blankart, il n’y a pas d’autres voies. Une adhésion de la Suisse à l’UE «n’est pas réaliste pour ma génération, ni pour la suivante». Et une renonciation à de nouveaux accords bilatéraux serait coûteuse. Certes, l’UE exige une application homogène des mêmes règles par tous les participants de l’EEE (donc sans surveillance concurrente par une autorité suisse). Sur ce point sensible, Franz Blankart comprend l’UE. Cela dit, en proposant l’EEE en 1992, le Conseil fédéral était aussi prêt à l’admettre.
Question: un «EEE adapté», 20 ans après, peut-il franchir en Suisse la double majorité du peuple et des cantons? Après tout, on assiste dans l’histoire à d’autres retournements (AVS, suffrage féminin, TVA, adhésion à l’ONU, etc). Mais la reprise de règles de l’UE sans surveillance helvétique autonome sera rude à faire passer. On est là au cœur du conflit.