Thomas Minder! Son initiative populaire contre les salaires abusifs des managers, ce 3 mars, va-t-elle triompher? Ses adversaires – malgré de gros moyens financiers – peinent à remonter la pente
Deux nouveaux sondages confirment l’avance des partisans («SonntagsBlick» et «Der Sonntag» du 17 février). Selon l’un, 57% de oui feraient plier 37% de non. Selon l’autre, 58,8% de oui déclasseraient 16,2% de non. Il reste peu de jours pour se retourner.
Et puis, il y a le cas Daniel Vasella. L’annonce faite par le groupe pharmaceutique Novartis – en pleine campagne du 3 mars – de verser une indemnité de 72 millions de francs à son chef sortant pourrait gonfler le camp du oui. Certains y voient une maladresse. Les divisions d’associations d’actionnaires sont également troublantes. Si «Ethos» de Dominique Biedermann choisit le contreprojet officiel, «Actares» de Roby Tschopp préfère l’initiative Minder («24 Heures» et «Tribune de Genève» du 5 février). Rappel: l’initiative accorde plus de pouvoir aux assemblées d’actionnaires. Le contreprojet le fait aussi, mais dans une plus faible mesure. En plus, l’initiative durcit les sanctions.
Un oui le 3 mars serait une première depuis la création de l’initiative populaire en 1891. Sur les 19 initiatives acceptées, aucune ne vise d’abord des personnes riches. Le 3 mars marquerait-il un tournant? La bataille est complexe. Car l’initiateur et Conseiller aux Etats Thomas Minder est lui-même industriel. Au Parlement, il fait groupe commun avec l’UDC (dont plusieurs sections votent oui à l’initiative). Bref, des clivages se brisent. La Suisse est chamboulée.