Andreas Gross – Conseiller national socialiste et politologue averti – combat fermement l’initiative de l’UDC du 9 juin pour l’élection du Conseil fédéral par le peuple. Son parti aussi
Avec des amis, il en fait une brochure de lutte («Nur scheinbar demokratisch», Editions Le Doubs, St-Ursanne, en allemand). Selon eux, une élection populaire serait un recul démocratique. Le système de concordance entre partis serait affaibli. Le rôle de la personnalisation et de l’argent augmenterait. La clause assurant aux Latins 2 sièges sur 7 serait mortelle pour la Suisse italienne.
Oui, la tâche d’Andreas Gross est délicate. C’est le Parlement, depuis 1848, qui élit le Gouvernement. Or, la gauche, la première, lance des initiatives pour l’élection par le peuple. Rejetées en 1940 et 1942, elles favorisent l’installation de socialistes au Conseil fédéral (un de 1943 à 1953, deux dès 1959). Depuis, la gauche s’apaise. L’UDC de Christoph Blocher prend le relais. Car le Parlement se méfie de son aile blochérienne (Blocher est élu en 2003, mais évincé en 2007). Du coup, l’UDC monte à son tour au filet.
Mais tout se complique. Selon certains sondages, les socialistes et les partis «du milieu» (libéraux-radicaux, PDC, PBD) seraient les vrais gagnants de l’élection par le peuple. Au pire, l’UDC n’aurait plus de Conseiller fédéral du tout. Les élections au système majoritaire lui sont souvent fatales (c’est le système de l’initiative du 9 juin). Mais l’UDC peut aussi gagner (ex: Oskar Freysinger en Valais, Thomas Weber à Bâle-Campagne, voire Yvan Perrin à Neuchâtel). Pour Andreas Gross et ses amis, c’est peut-être un casse-tête.