Suisse de Widmer-Schlumpf et Amérique d’Obama: affinités et affrontements.

La Suisse d’Eveline Widmer-Schlumpf dira-t-elle «non» aux Etats-Unis de Barack Obama? Le Conseil national, à 100 voix contre 90, s’y risque.

Ainsi, il ajourne les débats pour un règlement de conflits fiscaux entre les autorités américaines et certaines banques helvétiques. Ces banques auraient protégé des fraudeurs américains du fisc. Les élus exigent du Conseil fédéral des informations détaillées sur le contenu de l’accord conclu entre les deux pays (que les Américains veulent confidentiel). L’affaire pourrait rebondir le 12 juin au Conseil des Etats, le 18 juin au Conseil national. Eveline Widmer-Schlumpf, ministre des Finances, pousse au règlement

Un «non» de la Suisse aux Etats-Unis est rare. C’est spécialement vrai pour les affaires de secret bancaire et d’évasion fiscale. Le secret bancaire figure dans la loi suisse depuis 1934. C’est souvent à la suite de tensions avec les Etats-Unis qu’il s’assouplit (ex: crime organisé, trafic de drogue, blanchiment d’argent, opérations d’initiés en bourse, fonds juifs). Aujourd’hui, des fraudeurs américains du fisc sont dans le viseur. Ces pressions des Etats-Unis peuvent être efficaces. Un refus de coopérer peut entraîner, pour des sociétés suisses, une fermeture du marché américain.

En même temps, il existe entre la Suisse d’Eveline Widmer-Schlumpf et les Etats-Unis de Barack Obama des affinités historiques qu’on retrouve rarement ailleurs (même chez nos voisins immédiats). Aucune puissance n’exerce sur la Suisse moderne influence plus grande que les jeunes Etats-Unis. C’est vrai: sur l’évasion fiscale et le secret bancaire, il reste à faire.