Burqa: Cesla Amarelle et Martine Brunschwig Graf affichent leurs visions.

Faut-il interdire le port du voile intégral – burqa ou niqab, par exemple – dans l’espace public suisse? Le Tessin, en 2013, est le premier canton à répondre «oui».

Le Parlement fédéral doit encore se prononcer. Déjà, diverses personnalités préparent une initiative pour toute la Suisse. L’UDC Ulrich Schlüer, coauteur de l’initiative anti-minarets acceptée en 2009, en fait partie. Ce que décideront les organisations féminines pèsera lourd. Même chez les femmes, l’interdiction du voile intégral suscite des hésitations

Cesla Amarelle – vice-présidente des Femmes socialistes, Conseillère nationale vaudoise – préfère punir ceux qui contraignent les femmes à se cacher le visage. Le délit serait poursuivi d’office. Maris et parents seraient visés. Des questions pratiques pourraient se poser («Le Matin Dimanche» du 29 septembre). Faudra-t-il enquêter sur toutes les femmes portant la burqa (ou le niqab)? Quelles sont les chances d’apporter la preuve de la contrainte? Comment s’y prendra-t-on avec des touristes étrangères?

Martine Brunschwig Graf – libérale-radicale, présidente de La Commission fédérale contre le racisme, ancienne Conseillère d’Etat et Conseillère nationale à Genève – exprime ses doutes sur l’interdiction du voile intégral. «On peut discuter de ce qu’il est bon de faire pour des raisons de sécurité publique. Mais on ne peut accepter en revanche que, sous prétexte de sécurité, on vise de façon cynique et officielle la religion musulmane» («Le Temps» du 2 octobre). Rarement, dans le débat sur les libertés individuelles et l’égalité hommes-femmes, les choix n’ont été plus ardus.