18 mai! Le triomphe annoncé de l’initiative de Christine Bussat et Marche Blanche «pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants» est rare. Le Parlement ne formule aucun mot d’ordre. Peu d’élus refusent ouvertement l’initiative. Le libéral-radical d’Appenzell Andrea Caroni et le socialiste de Genève Carlo Sommaruga osent («Le Temps» du 19 mars, «LeMatinDimanche» du 23 mars). Le combat de la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga est ardu. Pourtant, cette initiative, en proposant des interdictions professionnelles illimitées, paraît contredire des principes de base de l’Etat de droit
Cette pression n’est pas nouvelle. Mais sa véhémence augmente. En 2004, elle impose l’initiative d’Anita Chaaban et du groupe «Licht der Hoffnung» pour l’internement à vie de délinquants sexuels et violents (56,2% de oui, 21,5 cantons sur 23). En 2008, elle confirme avec l’initiative – elle aussi de Christine Bussat et Marche Blanche – «pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine» (51,9% de oui, 18 cantons sur 23). Pour l’initiative du 18 mai, on monte d’un cran (81,6% de oui, 12% de non, sondage «SonntagsBlick» du 16 mars). La succession de crimes y a sa part (ex: meurtres de Lucie, Marie, Adeline). Certaines personnes tentées de voter « non » préfèrent se taire.
Certes, le Parlement peut adoucir les lois d’application. Mais ce n’est pas forcément bien perçu. Les tribunaux suisses – comme la Cour européenne des droits de l’homme – peuvent aussi se prononcer. Ce combat devient-il l’un des plus risqués ?