Christoph Blocher lâche le Conseil national, tire contre l’Europe et lance sa nouvelle association «Non à l’adhésion insidieuse à l’Union européenne (UE)». Il consacre aussi son énergie à l’application de l’initiative UDC du 9 février «contre l’immigration de masse». Il entend encore réduire le train de vie des élus fédéraux à 50.000 francs par an. Blocher, c’est l’homme qui fait de l’UDC le premier parti suisse. C’est également le fondateur de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN). A 73 ans, il reste influent
Peut-il se passer du Parlement, Blocher? Il y est souvent mis en minorité. Ce Parlement l’élit au Conseil fédéral en 2003, mais l’évince en 2007. Devant le peuple, c’est différent. Blocher y freine l’intégration européenne de la Suisse: court rejet de l’Espace économique européen en 1992, large refus de l’initiative pour l’adhésion à l’UE en 2001. Le vote de 2016 sur les relations Suisse-UE sera décisif. Blocher compte y mettre beaucoup d’argent (il parle de 5 millions de francs). Il sera redoutable.
Le retrait de Blocher du Parlement peut-il jouer contre l’UDC? En 2015, manquera-t-il comme «locomotive» électorale? Car l’UDC – après vingt ans de progression – fléchit entre 2007 et 2011 (de 28,9% à 26,6% des voix). Depuis, elle perd dans quelques cantons, mais gagne dans d’autres. Ce redressement, pour 2015, doit donc être confirmé. Il en va de la répartition du pouvoir au Parlement comme au Conseil fédéral (où l’UDC, avec Ueli Maurer, n’a qu’un siège sur sept). Bon stratège, le tribun a sûrement pensé à tout cela. Pour lui aussi, la partie est serrée.