André Gavillet meurt. Ce que la gauche lui doit. Voyez Jaggi et Dreifuss.

André Gavillet, figure influente de la gauche romande, meurt à 89 ans. Dès 1963, ce professeur est l’un des fondateurs de la revue «Domaine Public» (version papier, puis «en ligne»)

Entre 1970 et 1981, il est Conseiller d’Etat et chef des Finances vaudois. Venu des Lettres, il se passionne pour l’économie comme pour les institutions. Socialiste, il est un partisan résolu du pouvoir des cantons (c’est original à gauche, disent certains). Sa rigueur impressionne – à gauche, mais aussi à droite. Parmi ses proches, la Vaudoise Yvette Jaggi sera syndique de Lausanne, Conseillère nationale et aux Etats. La Genevoise Ruth Dreifuss, elle, devient Conseillère fédérale.

Ces «années André Gavillet» coïncident avec une bonne tenue électorale des socialistes romands. Le parti suisse se tasse (28,7% des voix en 1931, 26,4% en 1959, 18,7% en 2011). Mais, mieux que les socialistes alémaniques, leurs camarades romands résistent. 6 des 14 Conseillers fédéraux socialistes sont francophones. Dès 1969, ils se succèdent sans interruption. Pierre Graber, Pierre Aubert et René Felber sont Neuchâtelois, Ruth Dreifuss et Micheline Calmy-Rey Genevoises, Alain Berset Fribourgeois. Certains sont pluricantonaux (Graber fait sa carrière politique en pays vaudois, Dreifuss parcourt plusieurs cantons, Calmy-Rey grandit en Valais, etc). 5 des 11 Conseillers aux Etats socialistes sont aussi Romands. Christian Levrat, autre Fribourgeois, préside enfin le parti suisse. Qui dit mieux?

A gauche comme à droite, les gens du calibre d’André Gavillet – tour à tour gens de pensée et gens de terrain – sont précieux. A l’action politique, ils donnent du contenu. Rares?