1er août 2014! La patrie suisse est-elle plus bousculée que jamais? Les affrontements – sur l’Europe, le monde, l’étranger – y sont vifs. Plusieurs votes populaires frappent. Parfois, la Suisse s’y coupe en deux. Quand la coupure suit la frontière des langues, on s’inquiète. Et puis, cette coupure se personnalise – dans ce pays peu porté sur la personnalisation. Presque à lui seul, le chef UDC Christoph Blocher symboliserait une Suisse de fermeture. En face, une majorité du Parlement et du Conseil fédéral – emmenée par Didier Burkhalter, Simonetta Sommaruga et leurs collègues – symboliserait une Suisse d’ouverture. Alerte
Il y a pire dans la Suisse moderne. La guerre du «Sonderbund» est d’une autre gravité (1847). Voyez la crise du «Kulturkampf» (dès 1870), les tensions de la Première guerre mondiale entre Alémaniques et Romands (1914-1918). L’immigration et l’asile entraînent des conflits. Dès les années 1960 et 1970, James Schwarzenbach, Valentin Oehen et leurs disciples animent la polémique. Mais c’est l’UDC – transformée par Christoph Blocher – qui lui donnera sa plus grande efficacité.
Paradoxe? Cette patrie bousculée coïncide avec une Suisse plutôt en forme. L’économie fonctionne. Aucun canton ne propose de sortir de la Suisse. Le concours pour un nouvel hymne national intrigue («Le Temps» du 26 juillet). Le drapeau à Croix-Blanche – dont le Genevois Guillaume-Henri Dufour est en 1840 le promoteur – a la cote. La Fête nationale du 1er août – lancée en 1891, généralisée en 1993 – s’affermit. Tout cela n’est pas peu.
Didier Burkhalter, président de la Confédération, sur Wikipedia
Simonetta Sommaruga, vice-présidente du Conseil fédéral, sur Wikipedia
Christoph Blocher, chef UDC, sur Wikipedia