Patrick Aebischer, chef de l’EPFL, privilégie l’anglais et surprend les Romands.

«Anglais pour tous»! Le Fribourgeois Patrick Aebischer, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), trouble son monde dans le débat sur les langues

En Suisse francophone, cet homme de science va à contre-courant. «Le développement de l’Arc lémanique, dit-il, montre que l’avenir de la Suisse romande se situe dans la globalisation, qui présuppose des connaissances d’anglais plutôt que celles d’allemand». Pour l’étude des langues nationales, il recommande des échanges d’élèves entre régions («Neue Zürcher Zeitung» du 28 août). Au total, Patrick Aebischer n’est pas loin des cantons alémaniques plaçant l’anglais avant d’autres langues nationales (ex: Thurgovie, Nidwald). Tournant?

Car le monde de la science n’est pas seul à privilégier l’anglais. L’économie y pousse aussi. Les musiques populaires y ajoutent. Certes, il y a des différences entre régions. Ainsi, selon le professeur genevois François Grin, la maîtrise de l’allemand serait plus «payante» que celle de l’anglais pour les Romands. Au contraire, la maîtrise de l’anglais le serait davantage que celle du français pour les Alémaniques. Enfin, le Tessin italophone et les Grisons trilingues font face à des enjeux plus complexes.

Il n’empêche! La popularité de l’anglais est un facteur de taille. Pour certains, c’est une cinquième langue nationale «de fait». Dans un vote fédéral, même en Suisse romande, il n’est pas sûr que l’anglais y perde. Aux Chambres, des élus proposent une loi pour défendre le français – et d’autres langues nationales «de droit» («Le Temps» du 28 août). Il y aurait donc référendum. Suspense garanti.