Patrie suisse 2015! La célébration d’événements inouïs ravive la flamme. Certains – comme la victoire de Morgarten sur l’Autriche en 1315 – suscitent des doutes. A l’égal du serment du Grütli ou de Guillaume Tell, il y manquerait des confirmations. L’historien Thomas Maissen en fait un texte remarqué. D’autres – comme la défaite de Marignan face à François 1er en 1515 ou le Congrès de Vienne des vainqueurs de Napoléon en 1815 – forgeraient la future Suisse neutre et moderne. L’UDC Christoph Blocher et ses amis en font une plate-forme pour leurs campagnes. Ils ne sont pas les seuls
Mieux ! Cette patrie 2015 se construit sous nos yeux. Voyez la loi sur le renseignement. Conçue pour mieux dépister les menaces, elle provoque à gauche des inquiétudes sur les libertés. Ueli Maurer est au front. Voyez la péréquation entre cantons pauvres et riches. Conseil des Etats et Conseil national s’affrontent. Eveline Widmer-Schlumpf se bat. Voyez la loi sur la radio et la télévision. Ses taxes incluent de nouvelles technologies. Une partie de la droite – dont l’USAM de Jean-François Rime – la combat. En fait, la SSR de Roger de Weck, ciment de la Suisse des quatre langues, est visée. Le vote populaire est fixé au 14 juin. Doris Leuthard lutte.
Sûr : la patrie se construit à chaque grand débat. On le vérifie à la fiscalité du mariage (initiative du PDC disputée), à la fiscalité internationale (avec l’OCDE et l’Union européenne), aux moyens de résister aux effets du franc fort (entre Banque nationale et Conseil fédéral, le dialogue serait vif). Point commun avec Vienne, Marignan ou Morgarten ? Le monde extérieur est rarement loin.