Suisse-Chine ! Le Conseil fédéral – sous l’impulsion de Johann Schneider-Ammann – frappe un coup. Avec lui, la Suisse fera partie des membres fondateurs de la nouvelle « Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures » (AIIB, « Neue Zürcher Zeitung » du 21 mars). La Chine de Xi Jinping et Li Keqiang, avec le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud (les BRICS), en est une promotrice. Son siège serait à Pékin. Certains y voient une manifestation de la puissance de l’économie chinoise, deuxième du monde. Des sources proches du Fonds monétaire international (FMI) en feraient même la première (« Tribune de Genève » et « 24 Heures » du 9 décembre). C’est dire
Cette banque menace-t-elle la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement ? Les Etats-Unis d’Obama s’en méfient. Mais la Grande-Bretagne de Cameron s’y intéresse. La France, l’Allemagne, l’Italie et d’autres font chorus (« Le Monde » des 15-16 et 19 mars). La Suisse de Schneider-Ammann ne sera donc pas seule. Son geste en suit d’autres : accord de libre-échange Suisse-Chine, création en Suisse d’un centre de traitement de la monnaie chinoise (Yuan-Renminbi), implantation de banques chinoises, etc. On bouge.
Tout cela fera grincer des dents. Car la Chine de Xi Jinping et Li Keqiang reste autoritaire. Démocratie, droits humains, Etat de droit : le compte, pour beaucoup, n’y est pas. Mais, dans une Suisse soucieuse de diversifier ses relations hors d’Europe et des Etats-Unis, peu diront non. Et, pour le libéral-radical Johann Schneider-Ammann, parfois contesté, c’est une occasion de s’affirmer.
Xi Jinping, président chinois, et Johann Schneider-Ammann, conseiller fédéral suisse. Photos © Antilong, Bundeskanzlei