Blocher, Héritier des Oltramare et autres Fonjallaz? Oui et non.

Georges Oltramare à Genève ! Arthur Fonjallaz dans le canton de Vaud ! Rolf Henne, Robert Tobler, Emil Sonderegger et autres « frontistes » en Suisse alémanique ! Ces figures de l’entre-deux-guerres – proches du fascisme italien de Benito Mussolini ou du nazisme allemand d’Adolf Hitler – sont-elles les ancêtres de l’UDC de Christoph Blocher et de ses rivaux ? Yves Laplace, dans « Plaine des héros » (aux éditions Fayard), y pense. Oltramare en est un personnage-clé. Car il y a des ressemblances. La méfiance de l’étranger, ici comme là, est omniprésente.

Grand changement ? Le mépris de la démocratie pluraliste, vif chez ces figures de l’entre-deux-guerres, disparaît en partie. L’UDC de Blocher, au contraire, en fait une référence. Mieux ! Elle en use avec efficacité. Cela se vérifie lors d’élections, mais aussi lors de votes populaires. On en dira autant d’alliés/rivaux comme la Ligue des Tessinois ou le Mouvement Citoyens Genevois (MCG). Très à gauche, le stalinisme autoritaire subit en Suisse et ailleurs un déclin comparable. Autre nouveauté : l’antisémitisme souvent virulent de l’entre-deux-guerres est moins visible. Le choc provoqué par l’extermination d’une partie des juifs d’Europe par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale pourrait inciter à la prudence.

La méfiance de l’étranger, elle, reste. Dans l’après-guerre, elle connaît avec James Schwarzenbach, Valentin Oehen et leurs successeurs de nouveaux sommets. Avec l’UDC de Christoph Blocher et ses rivaux, elle monte encore de plusieurs crans. L’héritage des Oltramare et autres Fonjallaz, il est peut-être là.