Grimm, Zimmerwald, 100 ans. Guisan, Grütli, 75 ans. Entre guerre et paix.

Zimmerwald, village bernois. En 1915, Robert Grimm, haute figure socialiste suisse, y organise du 5 au 8 septembre une conférence contre la Première guerre mondiale. Trotski et Lénine, futurs fondateurs de l’URSS, y sont (« L’Hebdo » du 16 juillet). C’est un pas vers la sortie de la Russie révolutionnaire de la guerre. En 1917, le Conseiller fédéral Arthur Hoffmann (un radical) et Robert Grimm s’en mêlent. Pour beaucoup, ils favorisent ainsi l’Allemagne et son camp. En mai 1917, un journal suédois dévoile l’affaire. Crise.

Car la France de Poincaré et ses Alliés sont furieux. Dès avril 1917, les Etats-Unis de Wilson en font partie. Tous dénoncent chez Hoffmann et Grimm un acte contraire à la neutralité suisse. Du coup, le Saint-Gallois Hoffmann démissionne en juin (et le Genevois libéral Gustave Ador, francophile, le remplace). Grimm, acteur de la Grève générale de 1918, s’en sort mieux. En 1938-1946, il sera le premier Conseiller d’Etat socialiste bernois. Il y a 100 ans, une guerre l’aura forgé.

Grütli, prairie uranaise. En 1940, Henri Guisan, l’un des généraux suisses le plus estimés (avec Dufour peut-être), y convoque le 25 juillet 650 officiers. Après la défaite de la France, la Confédération est cernée par l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini. La Grande-Bretagne de Churchill est quasi-seule. Au Grütli, Guisan trouve des mots justes. Il le faut. Car l’URSS de Staline, liée au Pacte Hitler-Staline de 1939, n’entre en guerre qu’en juin 1941, les Etats-Unis de Roosevelt qu’en décembre. Guisan le Vaudois et Grimm le Bernois (qui perd son étiquette pro-allemande) se croiseront. Il y a 75 ans, une autre guerre les aura unis.