Le lien, entre la Suisse de Simonetta Sommaruga et l’Union européenne (UE) de Jean-Claude Juncker, se casse-t-il ? Des groupes proches de l’UDC de Christoph Blocher lancent une initiative pour rétablir des contrôles aux frontières et sortir de l’ « Espace Schengen ». On y voit l’Action pour une Suisse indépendante et neutre de Lukas Reimann, les Jeunes UDC, l’organisation « Sécurité pour tous », la Ligue des Tessinois, le Mouvement Citoyens Genevois (MCG). Ce lancement coïncide avec la crise des réfugiés en Europe et le rétablissement momentané de contrôles à certaines frontières. Des pays de l’UE et l’Espace Schengen – Allemagne comprise – s’y risquent.
Une acceptation de pareille initiative aggraverait les blocages Suisse-UE. Elle s’ajouterait au succès, en 2014, de l’initiative UDC « contre l’immigration de masse ». Déjà, la libre-circulation des personnes en est ébranlée. Or, « libre-circulation » et « Schengen-Dublin » – acceptés en 2000 et 2005 – sont deux pièces majeures des accords bilatéraux Suisse-UE (« Dublin » touche l’asile). Mieux ! Ces accords bilatéraux sont eux-mêmes une tentative de compenser l’échec, en 1992, de la participation suisse à l’Espace économique européen. Bref, le lien Suisse-UE y perdrait encore de sa force.
Ce serait un nouveau triomphe pour Christoph Blocher dans sa lutte contre ce qu’il appelle « une adhésion insidieuse à l’Union européenne ». En face, les parades manquent. On le vérifie aux faibles chances de l’initiative RASA pour l’annulation du texte UDC de 2014. Ardu, le combat.