Suisse, Grande-Bretagne, Europe, même combat ? En Suisse, l’accord entre le Royaume-Uni de David Cameron et l’Union européenne du tandem Donald Tusk – Jean-Claude Juncker ravive l’espoir d’un arrangement sur l’immigration. Certes, la principale concession à la Grande-Bretagne – pour son maintien dans l’Union – porte sur la limitation de prestations sociales aux travailleurs européens. C’est une ouverture.
Mais attention ! Le souci de la Suisse, lui, vise la limitation de l’immigration elle-même. C’est ce qu’exige – par des plafonds et des contingents – l’initiative UDC acceptée le 9 février 2014. Quant au Conseil fédéral, il mise sur une clause de sauvegarde – unilatérale s’il le faut. L’Union elle-même tient fermement au maintien de la libre-circulation des personnes. Autre différence : le Royaume-Uni est membre de l’Union, la Suisse non. Bref, entre les démarches britannique et suisse, la ressemblance n’est pas totale. Pour tirer parti de la concession européenne au Royaume-Uni, il reste du travail.
Cela dit, la Grande-Bretagne de David Cameron reste pour la Suisse de Johann Schneider-Ammann une « alliée objective » utile. Dans l’histoire moderne, le Royaume-Uni est souvent un point d’appui. On le vérifie au Congrès de Vienne de 1815 (la Suisse affirme sa neutralité et accueille de nouveaux cantons). A la création de l’Etat fédéral de 1848 (la Grande-Bretagne dissuade certaines puissances « réactionnaires » de s’en mêler). Lors de la Guerre mondiale 1939-1945 (Winston Churchill est un ami précieux face aux humeurs américaines ou soviétiques). Pour la Suisse, le mieux serait peut-être que le Royaume-Uni reste dans l’Union. Mais le temps presse. Le délai d’application de 3 ans de l’initiative UDC – fixé au 9 février 2017 – s’écoule vite. Un vrai « contre la montre ».