Rebutante, l’Union européenne de Jean-Claude Juncker et Donald Tusk ? Plus que jamais, la Suisse fait-elle bien de ne pas y adhérer ? Pas si vite. Voyez l’accord de libre-échange Europe–Canada (CETA). Un moment, on craint le pire. Car le Parlement de la Wallonie belge met son veto. Par ailleurs, chacun des 28 Etats de l’Union peut s’y opposer. Mais le blocage pourrait se dénouer. Ce 30 octobre, le Premier Ministre canadien Justin Trudeau et les Européens signent. Pour l’accord Suisse-Canada de 2009 (avec l’AELE), c’est peut-être un stimulant. Certains en espèrent autant du possible futur traité Europe – Etats-Unis (TAFTA, TTIP). Ouf ?
Question : cette curieuse péripétie plaira-t-elle, en Suisse, au camp euro-sceptique ? Car elle rappelle que chaque Etat-membre, dans l’Union, garde une grande influence. On reste plus près d’une Confédération d’Etats (comme la Suisse d’avant 1848) que d’une Europe fédérale. Vrai : le pouvoir de blocage attribué à la Wallonie belge laisse perplexe. C’est comme si, en Suisse, Genève, Vaud ou Zurich pouvait seul faire échec à un traité international. Drôle.
Il n’empêche. L’Union européenne de Juncker-Tusk – depuis les débuts de l’Europe intégrée – a rarement affronté autant de défis. Voyez le départ de la Grande-Bretagne de Theresa May (Brexit), les évolutions préoccupantes de pays de l’Est (Hongrie, Pologne, etc), l’asile. A côté, les aides accordées aux membres en crise promettent (Irlande, Portugal, Espagne, Grèce, etc). Sûr : pour la Suisse de Simonetta Sommaruga, Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann, mieux vaut que l’Europe de Juncker-Tusk s’accroche.