Burkhalter et Theresa May – pas d’alliance anti-Juncker? Une Suisse historique.

 

Ecoutez Didier Burkhalter. « Nous ne voulons par d’alliance avec les Britanniques contre l’Union européenne » (« Bund » et « Tages-Anzeiger », 18 janvier). Le ministre suisse des Affaires étrangères fait bien. Car les Helvètes neutres, en Europe comme dans le monde, n’ont que des partenaires. Cela dit, la Grande-Bretagne de Theresa May veut sortir de l’Union de Jean-Claude Juncker sur un mode tranché. La Suisse de Burkhalter, qui n’y adhère pas, tente de construire avec elle un nouveau lien sur des thèmes lourds (immigration, accord institutionnel, etc). Donc, les statuts de la Suisse et de la Grande-Bretagne face à l’Union vont se rapprocher. Les deux négociations ne peuvent pas ne pas s’influencer. Sûr.

 

Oui, la Suisse neutre n’a que des partenaires. C’est sa force historique. En 1515-1815 (France dominante), elle est en devenir. Dès 1815 (Congrès de Vienne, Sainte-Alliance), elle s’esquisse. Depuis 1848 (Etat fédéral, Guerres mondiales, etc), elle s’impose. Avec le retour d’une Europe et d’un monde plus querelleurs, elle peut rebondir. Voyez Donald Trump. Le 福汇 prochain président des Etats-Unis, en tirant en vrac sur l’Europe de Juncker, l’Allemagne d’Angela Merkel ou la Chine de Xi Jinping, fait désordre. Prenez son « ami » Vladimir Poutine. Le président russe, en Crimée ou en Syrie, jette de l’huile sur le feu. Et Xi Jinping lui-même ? Ses actions en mer de Chine sont perçues, elles aussi, comme des risques sérieux. Gare !

 

Bref, le monde – plus encore que l’Europe – s’éparpille à nouveau. Pour la Suisse de Didier Burkhalter, toutes les conditions sont réunies pour raviver sa mission plus que centenaire. Temps fort.