Question-piège ! Emmanuel Macron, Angela Merkel, Theresa May et Donald Trump valent-ils autant que Charles de Gaulle, Konrad Adenauer, Winston Churchill et Franklin Roosevelt ? Les grandes démocraties – comme la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – savent-elles encore produire des figures d’envergure ? Comparaison délicate. Car ces grands anciens affrontent des enjeux de survie. Chômage dévastateur (Roosevelt). Guerre mondiale (Roosevelt, Churchill, de Gaulle). Construction de Républiques (Adenauer, de Gaulle). Leurs successeurs ont des défis fascinants – mais d’une urgence différente.
Et La Suisse ? Les images des 7 Conseillers fédéraux sont variables. Aujourd’hui, certains placeront en tête – choix subjectif ! – Doris Leuthard, Simonetta Sommaruga et Alain Berset, suivis par Didier Burkhalter (en provisoire retrait ?) et Johann Schneider-Ammann, Ueli Maurer et Guy Parmelin. Mais aucun ne démérite. Le Collège connaît des rivalités. Mais il fonctionne. Moins que d’autres démocraties, la Suisse ne semble avoir besoin d’hommes ou de femmes « providentiels ». Sûr ?
Voyez l’équipe fondatrice de 1848. Jonas Furrer et Henri Druey y sont deux des acteurs majeurs. Mais tous comptent. Prenez celle – très exposée – de la 2e Guerre mondiale. Walter Stampfli et Philipp Etter y laissent de meilleurs souvenirs que Eduard von Steiger ou Marcel Pilet-Golaz. Les généraux Guillaume-Henri Dufour (1847-1859) et Henri Guisan (1939-1945) y disposent d’un prestige « politique » rare. Mais aucun n’empiète à l’excès. C’est peut-être une clé.