Doris Leuthard ! La deuxième présidence d’une figure dominante du Conseil fédéral s’achève durement. Le lien Suisse-Europe, que l’Argovienne démocrate-chrétienne voulait fortifier, va mal. Ses rencontres avec le président de la Commission Jean-Claude Juncker, au-delà des embrassades, sont suivies de fâcheries. Inscription de la Suisse sur une « liste grise » de l’évasion fiscale. Limitation à une année de l’égalité boursière. Chantage ? La conclusion d’un accord-cadre, avec intrusion de juges européens, divise. Des rétorsions suisses sont évoquées (ex : mise en cause d’un crédit de 1,3 milliard de francs). Une abolition du droit de timbre est esquissée. Tensions.
Soyons juste. L’Union européenne de Juncker est elle-même chahutée. Sortie de la Grande-Bretagne de Theresa May. Menaces en Pologne contre l’indépendance des juges (et sanctions). Accents populistes ailleurs (ex : Hongrie, République tchèque). Retour de l’extrême-droite fpö en Autriche. Succès en Catalogne de Carles Puigdemont et des indépendantistes. Difficultés de coalition dans l’Allemagne d’Angela Merkel. Fébrilité ?
La présidente Doris Leuthard ne se représentera pas en 2019. Elue en 2006, cheffe de l’Economie, puis de l’Environnement, des Transports, de l’Energie, elle brillera. Ce 4 mars, elle devra batailler ferme contre l’initiative « No Billag » – périlleuse pour les diffuseurs de radio-télévision (SSR comprise). Avec Leuthard et 4 anciens, l’Argovie – jeune canton né en 1803 – fournira 5 personnalités fortes du Conseil fédéral. Voyez Friedrich Frey-Herosé (l’un des 7 de 1848), Emil Welti, Edmund Schulthess, Hans Schaffner. Qui dit mieux ?