Xhaka, Shaqiri, Federer, Maudet, Cassis. Les binationaux et le repli Blocher.

Alex Miescher ! Le Secrétaire général de l’Association Suisse de Football (ASF), en proposant aux joueurs bi-nationaux de lâcher leur 2e nationalité, provoque une tempête. Lui vise des buteurs comme Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri. Originaires du Kosovo, tous deux – lors du match Suisse-Serbie de Coupe du Monde – miment l’aigle albanais à deux têtes. Côté serbe, c’est une provocation. La FIFA décide des amendes. Mais l’incident rebondit.

 

1992 ! La Suisse autorise la binationalité. En sport, ce nouveau statut est souvent vu comme un bon moyen d’intégration. Des athlètes de haut niveau sont binationaux. Une partie de l’équipe suisse de football. Le champion de tennis Roger Federer – à la fois suisse et sud-africain. D’autres. A son tour, la politique en frémit. En 2017, lors de la succession du Neuchâtelois Didier Burkhalter au Conseil fédéral, le Tessinois Ignazio Cassis (Italo-Suisse) abandonne la double-nationalité. Mais le Genevois Pierre Maudet (Franco-Suisse) la garde. Plus largement, près de 37% de la population suisse aurait des racines étrangères. Mouvement profond.

 

Coïncidence ? Cette polémique rebondit dans une phase difficile des relations Suisse – Union européenne. Un abandon de la 2e nationalité par des footballeurs serait un signe de repli. Il est sur la même ligne que le projet – défendu par l’UDC Christoph Blocher – d’un retrait d’accords européens (ex : libre-circulation, voire Schengen-Dublin). Lors de la succession Burkhalter, d’ailleurs, l’UDC est la plus ardente à exiger l’abandon de la 2e nationalité des candidats. Alors ? La double-nationalité de 1992 est-elle en péril ? Sérieux ?