« Acratie », la Suisse? Personne n’y a-t-il le pouvoir? Neirynck, Berset, Trump.

Une « acratie », la Suisse ? Un pays où personne n’aurait le pouvoir ? Le professeur Jacques Neirynck, né Belge et naturalisé Suisse, en fait une thèse piquante (« Le secret des Suisses », Cabedita). Sûr : le pouvoir y est dispersé. Entre Peuple, Parlement, Conseil fédéral et Tribunaux. Ou entre Etat fédéral et Cantons. Ou entre 7 Conseillers fédéraux égaux en droits (Alain Berset est président 2018). Ou encore entre patronat et syndicats. Voire entre médias. On en oublie.

 

Plus sûr : ce pouvoir est rarement exercé par le même acteur sur une longue durée. Exemples ? Guerre du Sonderbund (1847) et création de l’Etat fédéral (1848) : vainqueurs, les libéraux-radicaux vont le partager (avec PDC, UDC, socialistes). « Kulturkampf » (1870) : l’Eglise romaine, durement traitée, retrouvera ses droits (jésuites, couvents, évêchés). « Grève générale » (1918) : elle se dénoue avec la « Paix du Travail » dans la métallurgie entre patronat et syndicats (1937). D’autres accords la précèdent et la suivent. Partage encore.

 

Elections et votes populaires : les gagnants changent tout le temps. Le 25 novembre, l’UDC de Christoph Blocher pourrait perdre son combat contre les « juges étrangers ». Mais les « droites » en général pourraient imposer une surveillance des assurés. Puissante, cette UDC blochérienne (29,4% en 2015) n’est jamais sûre de faire plier ses rivaux (socialistes 18,8%, PLR 16,4%, PDC 11,6%, Verts historiques 7,1%, Verts libéraux 4,6%, PBD 4,1%). Cette dispersion se retrouve à des degrés divers dans d’autres démocraties. Prenez les Etats-Unis des « Freins et Contrepoids » – même sous Donald Trump. Mais la Suisse d’Alain Berset y va fort.