Christoph Blocher ? Sa réussite est l’une des plus stupéfiantes de la Suisse moderne. Voyez le score en voix de « son » UDC. Sous son règne, elle passe de 11% (en 1987) à 29,4% (en 2015). Pour se stabiliser à 25,6% (en 2019). Elle devant. Les autres derrière. Voyez le Conseil fédéral. Son 1er siège est acquis dès 1929 (sous Rudolf Minger). La conquête du 2e est une épopée. Blocher lui-même (2003-2007). Ueli Maurer (dès 2008). Guy Parmelin (dès 2015). Font partie des étapes de transition Samuel Schmid (2000-2008) et Eveline Widmer-Schlumpf (2007-2015) – UDC devenus PBD. Etincelles.
Et pourtant ! Blocher ne sera jamais président de l’UDC suisse. Mais il en devient l’inspirateur dominant. Porte sa marque le « non » à l’Espace économique européen (1992). Ou le « oui » à l’initiative UDC contre l’immigration de masse (2014). Par exemple. Les présidents UDC lui sont dévoués (Albert Rösti aujourd’hui). Le talent de stratège de Blocher y est pour beaucoup. Sa fortune aussi. A l’UDC, peu de gens osent le défier de front. Ceux qui s’y risquent sont menacés de marginalisation. Ou d’exclusion. Dans les grands partis de la Suisse moderne, c’est une rareté.
Bref, la Suisse 2020 est – en partie – blochérienne. Mais totalement, non. L’affaire de la restitution des 2,77 millions de francs de rentes de Conseiller fédéral retraité est un signe. Blocher ne fait durablement la loi ni au Conseil fédéral, ni au Parlement. Il est contesté. Face au peuple ? Le score de l’initiative UDC du 27 septembre contre la libre-circulation des personnes est le prochain test. Blocher n’a pas encore perdu.