Langage femmes-hommes. Querelle francophone. André Gautier sacre Elisabeth Kopp.

Faut-il féminiser les mots et les noms ? Doit-on encourager le langage « épicène » et « inclusif » ? Le débat est vif en terres francophones. Même la Suisse romande, plus ouverte peut-être que la France voisine, en retentit. Une vidéo de la Radio-Télévision Suisse RTS suscite la controverse (« 24 heures », « Tribune de Genève »). Son but est d’éviter des formules qui n’engloberaient que des personnes d’un seul genre. « Bonjour à tous ». « Les Genevois ont voté ». Il y en a d’autres.

 

En Berne fédérale ? La cohabitation de l’allemand, du français et de l’italien – voire du romanche – joue-t-elle un rôle intégrateur ? Le 2 octobre 1984, l’élection de la première Conseillère fédérale, Elisabeth Kopp, claque comme un avertissement. Le Président du Parlement, le Genevois André Gautier, ose un « Madame le Conseiller fédéral ». On est dans le droit-fil de l’Académie française d’alors. André Gautier n’est pas suivi. « Bundesrätin » et « Conseillère fédérale » – comme leurs équivalents italien et romanche – s’imposent. Les Services du Parlement et de l’Administration n’hésitent guère. Ouf ?

 

Vrai : le terrain est dégagé pour les 8 Conseillères fédérales suivantes. Ruth Dreifuss. Ruth Metzler. Micheline Calmy-Rey. Doris Leuthard. Eveline Widmer-Schlumpf. Simonetta Sommaruga. Viola Amherd. Karin Keller-Sutter. Les 3 dernières sont au pouvoir (à 3 sur 7). Aucune ne subira plus d’appellations bizarres. Dès 1971, d’ailleurs, les premières élues du Parlement donnent le ton. Aujourd’hui, les Conseillères nationales sont 84 (sur 200), les Conseillères aux Etats 12 (sur 46). Il n’empêche. En 1984, on a failli avoir chaud.