Frontex – asile menacé? Le référendum lancé contre la contribution suisse à l’Agence européenne de garde-frontières et garde-côtes – Frontex donc – casse la scène européenne de notre pays comme rarement (« Bund », « Tages-Anzeiger », « Neue Zürcher Zeitung »). C’est l’ONG « Migrant Solidarity Network » qui est à la pointe du refus. L’appuient les Verts de Balthasar Glättli, le PSS de Mattea Meyer et Cédric Wermuth. L’UDC de Marco Chiesa, elle, pourrait approuver. Alors ?
Pour l’Europe, l’UDC ? Contre l’Europe, les Verts et le PSS ? Car Frontex fait partie de l’Espace Schengen-Dublin. La Suisse y est associée. Les adversaires de la contribution helvétique en redoutent un nouveau durcissement face aux migrants tentant de gagner l’Europe. Ses partisans en espèrent une meilleure surveillance des arrivées, une sécurité accrue pour la Suisse. Sont notamment visées la Méditerranée, l’Europe de l’Est et du Sud-Est, la route des Balkans. Montant en jeu pour la Suisse : 24 à 61 millions de francs d’ici à 2027. Engagement d’une quarantaine de personnes.
Ce renversement des rôles est piquant. Il n’est pas totalement inédit. L’échec en 1992 de l’Espace économique européen s’explique en partie par l’addition des refus de l’UDC, des Verts et d’une minorité socialiste. L’étroitesse du score s’en ressent (50,3% de non, 16 Cantons contre 7). Régulièrement, une partie de la gauche suisse critique les tendances « néo-libérales » de certains choix de l’Union européenne. Le rôle de la protection des salaires dans l’abandon en mai de l’accord-cadre en est une autre illustration. Eclatante ?