Quelle neutralité ? Le Conseil fédéral renvoie le projet de rapport de son Président Ignazio Cassis. Sa majorité lui préfère le texte du 29 novembre 1993. Y compris pour la guerre russe en Ukraine. 1993. Le PDC Flavio Cotti prend les Affaires étrangères. Il gouverne avec Arnold Koller (PDC aussi), Jean-Pascal Delamuraz et Kaspar Villiger (PLR), Otto Stich et Ruth Dreifuss (PSS), Adolf Ogi (UDC). Quel contexte ? Fin de l’URSS (1991). Guerres de l’ex-Yougoslavie (1991-2001). Achat des avions américains F/A-18 (1993). Suisse au Partenariat pour la Paix de l’OTAN (1996). Ouverture aux coopérations militaires internationales (2001). Prémonitoire ?
Et pourtant ! La guerre russe en Ukraine relance avec flamme le débat national sur la neutralité. Le stratège UDC Christoph Blocher prépare une initiative pour une neutralité absolue. Voire sans sanctions pour les agresseurs. Le président PLR Thierry Burkart plaide pour un rapprochement avec l’OTAN. Le Conseil fédéral – emmené par Viola Amherd – y consent. Le président du Centre Gerhard Pfister, lui, souhaite plus de souplesse pour des exportations d’armes destinées à des pays démocratiques. Bon, le rapport de 1993 permet déjà beaucoup. Pourquoi en faire un nouveau ?
Piquant ? Le Conseil fédéral 2022 – en matière de neutralité – couche sur les positions du Conseil fédéral 1993. Or, les équilibres y ont changé. Avec deux UDC au lieu d’un (Ueli Maurer, Guy Parmelin). Avec une Centriste au lieu de deux (Viola Amherd). Mais toujours avec deux PLR (Ignazio Cassis, Karin Keller-Sutter), avec deux PSS (Simonetta Sommaruga, Alain Berset). Qui a dit continuité ?
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