Deux justices. Conradi – l’antibolchevique. Frankfurter – l’antinazi.

1923. Moritz Conradi tue dans un hôtel de Lausanne le diplomate soviétique Vatslav Vorowsky (« Le Temps »). Conférence internationale. Conradi fait partie d’une famille suisse victime de la Révolution d’Octobre. Lui-même est farouchement anti-communiste. En Suisse, l’ambiance l’est aussi. Le tribunal de Lausanne acquitte Conradi. Il mourra en 1947. Cet assassinat et cet acquittement laissent des traces. En 1923, la Suisse et l’URSS n’ont pas de relations diplomatiques. En 1934, Giuseppe Motta s’oppose à l’entrée de l’URSS dans la Société des Nations. La Guerre 1939-1945 est aggravante. Mais, en 1946, Max Petitpierre noue avec Joseph Staline. 24 février 2022. La guerre russe de Vladimir Poutine en Ukraine rappelle quelque chose. Non?

1936. David Frankfurter exécute à Davos le chef nazi en Suisse Wilhelm Gustloff. En Allemagne nazie, les persécutions contre les juifs ont commencé. Frankfurter, juif de Croatie, est empêché de poursuivre ses études. Le tribunal de Coire le condamne à 18 ans de prison. 1945. Il rejoint la Palestine. Israël. Meurt en 1982. Conradi, Frankfurter, les peines diffèrent. En 1923, l’anticommunisme porte Conradi. Mais, en 1936, l’antinazisme aide moins Frankfurter. Alors? Antisémitisme? Peur d’Adolf Hitler? Et pourtant! Conradi et Frankfurter se ressemblent tant.