Suisse-Europe. La Secrétaire d’Etat Livia Leu Agosti, en lâchant le dialogue exploratoire avec l’Union européenne pour l’ambassade de Berlin, refuse de parler de « mission impossible ». A l’écouter, la phase exploratoire toucherait à sa fin. Et le moment approcherait où la Suisse et l’Union pourraient entamer de vraies négociations. Du coup, ce serait logiquement à une nouvelle équipe de mener cette nouvelle mission. Crédible, Livia Leu Agosti? Alors?
Vrai: la politique européenne de la Suisse est de très longue haleine. Et, si elle joue les prolongations, c’est en partie parce que la Suisse souveraine elle-même qui les suscite. 1992: Peuple et Cantons rejettent l’Espace économique européen. 2001: ils balaient l’initiative « Oui à l’Europe ». 2014: ils acceptent l’initiative UDC contre « l’immigration de masse ». 2016: le Parlement ordonne le retrait de la demande d’adhésion à l’Union. 26 mai 2021: le Conseil fédéral abandonne l’accord-cadre. La Suisse souveraine en a le droit. Mais, s’il y a coups de freins, ils viennent aussi de chez elle.
Et puis, la nature a placé la Suisse au coeur de l’Union européenne – tout comme de l’OTAN. Les 27 pays de l’une recouvrent en partie les 31 pays de l’autre. C’est le destin de la Suisse. Et il n’a pas que des défauts. Bref, le dialogue Suisse-Europe exige patience et endurance. Sinon, quoi?