1er Août 1291. Le Serment du Grütli. Presque tout est sujet à débat entre historiens dans la naissance de la Suisse. Voyez les figures des Trois Suisses. Schwytzois Werner Stauffacher. Uranais Walter Fürst. Unterwaldien Arnold von Melchtal. Voire le héros suprême Guillaume Tell. Et pourtant! Presque tout s’est enraciné comme si c’était sûr. En 1993, Peuple et Cantons inscrivent le 1er Août férié dans la Constitution fédérale. Le contrôle de la Prairie du Grütli fait l’objet d’âpres rivalités. Dans le hall d’entrée du Parlement, Trois Suisses de pierre adressent la bienvenue aux visiteuses et visiteurs. Guillaume Tell est partout. L’Allemand Schiller et l’Italien Rossini y seront pour beaucoup.
C’est sur ce socle que les 4 Langues et les 26 Cantons sont installés. Longtemps, ce socle paraît fragile. C’est le nouvel Etat fédéral de 1848 qui va lui donner de la cohérence. Trois Constitutions – 1848, 1874, 1999 – se succèdent. Le Conseil fédéral collégial à 7. Le Conseil national et le Conseil des Etats. Le fédéralisme. La séparation des pouvoirs. Le référendum et l’initiative. Aucun Canton, ou groupe de Cantons, ne tente plus une sécession. Berne et Jura, en 1979, se séparent dans les règles. 1848 rejoint 1291. Telle est la Suisse 2023.
Ah! La force de la légende! John Ford en raconte une autre dans « L’homme qui tua Liberty Valance ». C’est l’histoire de l’exécution d’un bandit faussement attribuée à une personne, alors que c’est une autre qui s’y met. John Wayne, James Stewart et Lee Marvin s’y croisent. A la fin, quelqu’un avoue: « On est dans l’Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende ». Hum?