Abaya. La France laïque d’Emanuel Macron interdit le port de la robe traditionnelle dans les écoles. Le « kamis » pour les hommes. Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Education nationale, y voit un signe religieux ostentatoire. Un signe musulman. Il y a quelques années, l’interdiction du voile « hidjab » l’avait précédé. En Suisse, peu de gens semblent tentés par l’exemple français (« Tribune de Genève », « 24 Heures »). L’école y est l’affaire des Cantons.
Et pourtant! En Suisse, ce sont des initiatives populaires qui imposent des interdits. Elles aussi visent d’abord l’Islam. En 2009, l’une d’entre elles bannit la construction de nouveaux minarets. 57,5% de oui. 19,5 Cantons sur 23. Seuls s’opposent Bâle-Ville, Vaud, Neuchâtel, Genève. En 2021, une autre interdit la dissimulation du visage. Initiative burqa. 51,2% de oui. 18 Cantons sur 23. S’opposent Zurich, Berne, Bâle-Ville, Appenzell RE, Grisons, Genève. En 1893 déjà, une précédente initiative visera l’abattage du bétail selon les coutumes juive et musulmane. Protection des animaux en tête.
La Suisse est-elle laïque? La Constitution fédérale proclame toujours « Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Mais elle ne privilégie aucune religion. La liberté prime. Des articles anti-catholiques de la charte datant des années « Sonderbund » et « Kulturkampf » seront abolis (en 1973 et 2001). Le droit d’établissement des juifs, lui, sera reconnu (en 1866). Certains Cantons, en revanche, accordent des avantages à certaines confessions. Catholique et protestante, surtout. Parfois, d’autres. Genève et Neuchâtel poussent le plus loin la séparation entre Etat et religions. Suisse, France – deux mondes?