Europe « suissifiée ». Asile et immigration. Droites dures. Incompatibilités.

« Suissifiée » – l’Union européenne des 27? La thèse est tentante (Michael Hermann, « NZZ am Sonntag »). Voyez la poussée de l’extrême-droite et du réflexe anti-immigration. La Suisse des années 1960 et 1970 en est peut-être le précurseur. Les initiatives anti-immigration et anti-asile fusent. Années James Schwarzenbach, Valentin Oehen, Markus Ruf et d’autres. Au début, ce sont de petits acteurs qui s’en emparent. Puis, l’UDC rénovée par Christoph Blocher prend le relais. Asile et immigration se combinent avec souveraineté nationale et refus de l’Europe intégrée. Rejet de l’Espace économique européen (1992). Succès des initiatives contre les étrangers criminels et l’immigration de masse (2010, 2014). L’UDC blochérienne devient premier parti de Suisse.

Ce mimétisme est.il plus ancien? Dès 1951, la Suisse des 4 Langues et 25 Cantons – 26 avec le Jura dès 1979 – est perçue par certains comme un modèle pour l’Europe intégrée en construction. C’est très visible pour sa première version. Celle de l’Europe des Six. Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg. C’est encore vrai pour l’Union européenne des 27. Sauf que l’UE des 27, en 2024, reste plus proche d’une Confédération d’Etats que d’un Etat fédéral. Nuance.

Reste une énigme. La Suisse des 4 Langues et 26 Cantons refuse de manière répétée d’adhérer à l’Europe intégrée. Qu’elle soit à 6 ou à 27. Par association ou par adhésion à part entière. Rejet de l’EEE en 1992. Refus de l’initiative « Oui à l’Europe » en 2001. Retrait de la demande d’adhésion en 2016. Abandon de l’accord-cadre en 2021. Modèle – mais pas plus?