Jamais les partisans suisses d’un rapprochement avec l’Union européenne (UE) n’ont été si rares. Pour l’adhésion à l’Union, ils tomberaient à 11,3%
Pour l’Espace économique européen (EEE), sorte d’association à l’Union, ils se réduiraient à 31,8%. Même les partisans romands de l’EEE – longtemps majoritaires – ne seraient plus que 41,5%. Les crises européennes y auraient leur part («LeMatinDimanche» et «SonntagsZeitung» du 25 novembre). Pour Didier Burkhalter, chef des Affaires étrangères, c’est l’alerte.
Est-ce un tournant? Le 6 décembre 1992 (il y a 20 ans), les partisans de l’EEE sont certes vaincus. Mais ils réunissent tout de même 49,7% des voix. Les six cantons romands et les deux Bâles votent «oui». Ce clivage inquiète. Puis, le 4 mars 2001, il s’efface. L’initiative «Oui à l’Europe!» est rejetée (23,2% de oui, aucun canton pour). Cette initiative souhaite l’ouverture «sans délai» de négociations d’adhésion à l’Union. Les accords sectoriels Suisse-Union, eux, trouvent des majorités. C’est donc le camp de l’EEE qui subit le déclin le plus net. En même temps, des gens comme l’ancien Secrétaire d’Etat Franz Blankart le relancent. D’autres suggèrent un «EEE allégé» (réservé aux accords sectoriels conclus).
Tout cela surgit à peu de jours de la prise de position de l’UE sur les relations avec la Suisse. A l’UE, certains sont tentés d’exiger de la Suisse une reprise automatique de règles européennes, donc sans contrôle helvétique (l’EEE, d’ailleurs, y pousse aussi). En Suisse, les pessimistes craignent un coup de frein prolongé aux accords bilatéraux Suisse-UE. Le pire, il est vrai, n’est jamais sûr.