Surprise? L’initiative de l’UDC «contre l’immigration de masse» gagne par 50,3% de oui. 14,5 cantons sur 23 l’approuvent. Seuls Zurich, Zoug et Bâle-Ville la refusent avec les Romands Fribourg, Vaud, Valais, Neuchâtel, Genève et Jura.
En face, le Tessin italophone affiche l’acceptation la plus massive. C’est la 21e initiative ratifiée, la 3e de l’UDC visant les étrangers. Deux autres ciblent les minarets (en 2009) et les étrangers criminels (en 2010). Le parti de Christoph Blocher signe là une passe de trois inédite.
Ce vote est un coup d’arrêt pour la politique européenne de la Suisse. C’est le plus sérieux depuis l’échec en 1992 de l’Espace économique européen (EEE). Les scores se ressemblent (l’EEE est refusé par 50,3% de non et 16 cantons sur 23, les deux Bâles et les Romands sont battus). Ici comme là, la Suisse latine éclate (la Suisse romande y affronte le Tessin italophone et une majorité alémanique). Ici comme là, l’UDC de Christoph Blocher triomphe. Continuité
C’est un coup dur pour Didier Burkhalter, Simonetta Sommaruga, Johann Schneider-Ammann et le Conseil fédéral. Certains leur reprocheront d’avoir mal mesuré les risques de la libre-circulation des personnes – pressions sur les salaires, par ex – entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Cette libre-circulation est bousculée. Car l’initiative exige des plafonds et des contingents, une préférence nationale pour les travailleurs. Le délai d’application est de trois ans. Les discussions Suisse-UE pour une rénovation des accords bilatéraux ne seront pas facilitées. Pour Burkhalter, Sommaruga et Schneider-Ammann (lui-même à la peine), les temps sont rudes.