Fait-elle école, la Suisse des «formules magiques»? 10 des 28 Gouvernements – dans les pays de l’Union européenne (UE) – pratiquent la «grande coalition» gauche-droite («Le Monde» du 9 janvier).
Dans cinq, la gauche pilote l’Exécutif (Belgique, Italie, Autriche, République tchèque, Roumanie). Dans cinq autres, c’est la droite (Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Grèce, Finlande). Ailleurs, le Gouvernement est carrément de gauche ou de droite
En Suisse, la participation de plusieurs partis au Conseil fédéral est progressive. En 1848-1891, les radicaux – fondateurs de l’Etat moderne – prennent 7 sièges sur 7. Puis, ils en cèdent 5. Aux catholiques-conservateurs (futurs démocrates-chrétiens ou PDC). Au PAB (future UDC). Aux socialistes. En 1959-2003, deux socialistes, deux PDC, deux radicaux et un UDC coopèrent. Cette «formule magique» à quatre subit deux chocs. En 2003, Ruth Metzler (PDC) est évincée par Christoph Blocher (UDC). En 2007, Blocher est écarté par Eveline Widmer-Schlumpf (UDC, puis PBD). En 2011, cette «formule» à cinq est confirmée. Y sont associés deux socialistes (Sommaruga, Berset), une PDC (Leuthard), une PBD (Widmer-Schlumpf), deux libéraux-radicaux (le président Burkhalter, Schneider-Ammann) et un UDC (Maurer). Cette «formule» à cinq, en 2015, pourrait être attaquée.
C’est vrai: les «formules» suisses – magiques ou non – ne sont pas tout à fait de «grandes coalitions». Elles ne font pas l’objet de contrats négociés entre partis (sauf en 1971-75). Le Conseil fédéral, lui, se fixe des «objectifs», le Parlement un «programme de législature». Donc, on s’en rapproche.