Minarets et religions: Pascal Couchepin sait qu’il faut parler net

10.07.2008

Pascal Couchepin – 66 ans, dont 10 de Conseil fédéral – garde d’excellents réflexes. Avec lui, le Gouvernement fait connaître sans attendre sa détermination à combattre l’initiative contre la construction de minarets. Cette réaction fulgurante coïncide avec le dépôt de l’initiative. Elle s’adresse à la Suisse comme au monde. Car la liberté religieuse est en jeu. Et on ne tient pas à la répétition des incidents ayant suivi la publication, au Danemark, de caricatures de Mahomet

Cette initiative est pilotée par des élus de l’Union démocratique du centre (UDC) et de l’Union démocratique fédérale (UDF). Ulrich Schlüer est leur chef. Cet ancien Conseiller national UDC fut le bras droit de James Schwarzenbach, haute figure du mouvement anti-étrangers. Les chances de l’initiative Schlüer ne sont pas nulles. Certes, les musulmans de Suisse sont largement pacifiques. Mais certains font l’amalgame avec l’islamisme violent. Pour eux, les minarets seraient le symbole des ambitions conquérantes de l’Islam.

L’histoire suisse est riche en conflits religieux. Le bras de fer entre l’Eglise catholique et le pouvoir radical est l’un des plus longs. Guerre du « Sonderbund » (1847) et crise du « Kulturkampf » (années 1870) le durcissent. Du coup, des sanctions frappent les Jésuites, les couvents, les évêchés. Il faut plus d’un siècle pour les abolir (entre 1973 et 2001). La Communauté israélite, elle, attend 1866 pour obtenir la liberté d’établissement. Puis, en 1893, une initiative interdit l’abattage rituel du bétail. Il s’agit aussi de ménager les animaux. L’irruption de l’Islam et des minarets est plus tardive. Le président Pascal Couchepin a senti qu’il fallait parler net. Et vite.