Attention! La Suisse des Maurer et Burkhalter est aussi pulvérisée que l’Italie des Bersani, Berlusconi, Grillo et Monti. Aucun parti n’y a la majorité
L’UDC d’Ueli Maurer – parmi les acteurs présents au Conseil fédéral – attire 26,6% des voix, les socialistes de Simonetta Sommaruga et Alain Berset 18,7%, les libéraux-radicaux de Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann 15,1%, le PDC de Doris Leuthard 12,3%, le PBD d’Eveline Widmer-Schlumpf 5,4%. S’ajoutent les Verts (8,4%) et les Verts libéraux (5,4%). En plus, les systèmes électoraux – proportionnel au Conseil national, plutôt majoritaires au Conseil des Etats – favorisent certains (partis «du milieu» aux Etats).
La Suisse souffre-t-elle moins de cette dispersion que l’Italie? Tous les quatre ans, le Parlement y élit un Gouvernement. La plupart des acteurs y trouvent une place. Parfois, l’équilibre y est quasiment arithmétique (en 1959-2007). Parfois, il l’est moins (avant 1959, dès 2007). Depuis 1848, on assiste bien à des secousses. Mais ce sont rarement des «crises» au sens classique. Les institutions – Peuple, Parlement, Gouvernement, Justice – continuent de fonctionner.
Cette stabilité suisse est parfois apparente. On peut y défaire des projets. Visez le contreprojet à l’initiative pour une caisse-maladie unique piloté par Alain Berset (réassurance pour les coûts élevés). Suivez la lutte contre le blanchiment d’argent menée par Eveline Widmer-Schlumpf (limitation de versements «cash», criminalisation de gros montants non déclarés). Voyez la surveillance accrue d’actes criminels dans les télécommunications lancée par Simonetta Sommaruga (avec mouchards informatiques). Il y aura du spectacle.