Ueli Maurer, président de la Confédération et ministre UDC de la Défense, revient de Pékin. Eveline Widmer-Schlumpf, cheffe PBD des Finances, est de retour de Moscou.
Presque tout oppose ces deux figures rivales du Conseil fédéral. Car elles sont le produit, en 2007-2008, d’une scission rugueuse. Quelle image peuvent-elles donner du pouvoir suisse dans le monde
A Moscou, Eveline Widmer-Schlumpf est l’invitée du G-20. C’est le rendez-vous de vingt puissances majeures. Si la ministre s’y trouve, c’est grâce aux bonnes relations avec la Russie de Vladimir Poutine. Elle peut y défendre les conditions d’un ralliement de la Suisse à un échange automatique d’informations fiscales. Cela se fera avec toutes les places financières qui comptent. L’OCDE en est le pivot. Les Etats-Unis pourraient résister. Car des bases légales y manqueraient. Dans la foulée, la ministre noue ou renoue avec Christine Lagarde (directrice du FMI), Wolfgang Schäuble (ministre allemand des Finances), Fabrizio Saccomanni (nouveau ministre italien) et d’autres. Pour protéger les intérêts suisses, le contact, à chaque fois, est irremplaçable. La ministre PBD y marque son territoire.
A Pékin, Ueli Maurer joue un rôle rare pour lui. Ce président UDC affirme ne pas aimer les sorties à l’étranger. Mais, face à Xi Jinping et Li Keqiang, il s’en tire plutôt bien. Certains lui reprochent, dans une interview, de «mettre un trait» sous la répression par l’armée chinoise du soulèvement de Tian’anmen – en 1989. Tollé en Suisse. Maurer n’y revient plus. Mais c’est peut-être aussi cela, la Suisse. Un pouvoir pluriel où chacune, chacun, y met de sa musique.