Crypto ? La société zougoise a-t-elle aidé les services secrets américains et allemands – entre 1970 et 1993 – à espionner une centaine d’Etats ? Le pouvoir suisse a-t-il fermé les yeux ? Sa politique de neutralité en est-elle violée ? Aux Etats-Unis, c’est la période Nixon, Ford, Carter, Reagan, Bush père. En Allemagne, c’est le temps de Brandt, Schmidt, Kohl. Fin de Guerre Froide. La Berne fédérale enquête.
Vrai : la neutralité suisse peut être à géométrie variable. Son but est de garantir la paix entre Suisses et de les maintenir à l’écart de querelles étrangères. Ses racines sont lointaines. Nicolas de Flüe et Convenant de Stans (1487). François 1er et Marignan (1515). Congrès de Vienne et Waterloo (1815). Les Guerres Mondiales sont des tests redoutables. 1914-1918. Le Général Ulrich Wille, le Conseiller fédéral Arthur Hoffman et d’autres dirigeants afficheraient un parti-pris pro-allemand gênant. 1939-1945. Marcel Pilet-Golaz et l’Allemagne nazie. Coopérations économiques et financières avec l’Axe. Eduard von Steiger et l’asile. Rapport Ludwig. Rapport Bergier.
L’après-guerre est parfois troublant. Certes, la Suisse n’adhère pas à l’Union européenne. Elle ne rejoint que tardivement l’ONU (2002). Mais, pendant la Guerre Froide (1948-1991), elle penche vers l’Ouest plus que vers l’Est. Plan Marshall et OECE/OCDE (1948). AELE (1960). Conseil de l’Europe (1963). Plus tard, Partenariat pour la Paix avec l’OTAN (1996). Démocratie pluraliste, la Suisse ne cache pas ses préférences pour d’autres démocraties pluralistes. Bref, que Crypto ait pu favoriser la livraison d’informations à la « République Sœur » des Etats-Unis – voire à l’Allemagne de Brandt, Schmidt ou Kohl – n’a peut-être pas inquiété grand-monde. Délicat.