Didier Burkhalter – ministre suisse des Affaires étrangères et Conseiller fédéral libéral-radical – lance avec ses cinq collègues des pays voisins un appel pour l’abolition mondiale de la peine de mort. Laurent Fabius (France), Giulio Terzi (Italie), Guido Westerwelle (Allemagne), Michael Spindelegger (Autriche) et Aurelia Frick (Liechstentein) sont de la partie.
La Suisse abolit la peine de mort en 1942 (en droit ordinaire) et en 1992 (en droit militaire). En tout, 141 pays la suppriment. Mais 57 l’appliquent. On y voit les Etats-Unis, l’Inde et le Japon – ou la Chine, la Corée du Nord, l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite, le Yémen, la Somalie, etc. Cette année, une nouvelle résolution pour l’abolition sera présentée à l’Assemblée de l’ONU. Pour Didier Burkhalter et ses cosignataires, le risque de tuer un innocent est une raison de foncer. La certitude que la peine de mort n’empêche pas les délits en est une autre (« Le Temps » et « La Liberté » du 10 octobre).
Pour la politique internationale de la Suisse, cet appel contre la peine de mort tombe bien. Car des blocages menacent. A l’Union européenne, certains prônent un gel des relations avec notre pays. A les écouter, la conclusion de nouveaux accords bilatéraux dépendrait de la reprise de règles européennes par la Suisse (et sans contrôle autonome helvétique). Evasion fiscale et secret bancaire : des pressions en provenance des Etats-Unis, d’Allemagne, de France et d’autres acteurs poussent à l’échange automatique d’informations fiscales. La Suisse, souvent, se bat seule. Cet appel, avec d’autres gestes, desserre l’étreinte.