Gare au 24 novembre! L’initiative de Cédric Wermuth et des Jeunes Socialistes pour une réduction des écarts de salaires dans l’entreprise – qui aurait des chances selon des sondages – suscite des craintes contrastées («Schweiz am Sonntag» et «Le Matin Dimanche» du 21 juillet).
Les salaires les plus élevés, exige l’initiative, ne devraient pas dépasser de plus de douze fois les salaires les plus modestes
Première crainte: l’initiative des Jeunes Socialistes serait criblée de trous «comme un fromage d’Emmental» (selon Peter Bodenmann, ex-président socialiste). Elle pourrait être contournée par des mandats de conseillers (comme Daniel Vasella, ex-chef de Novartis), des facturations d’heures supplémentaires ou un fractionnement des salaires entre filiales (en Suisse et à l’étranger). Autre souci: une application littérale de l’initiative – en tirant de hauts salaires vers le bas – priverait l’AVS de 302 à 545 millions de francs (selon l’Union suisse des arts et métiers de Jean-François Rime). Au moment où le Conseiller fédéral socialiste Alain Berset lance d’ambitieux projets pour la prévoyance vieillesse, ce serait mal compris.
L’initiative de Thomas Minder «contre les rémunérations abusives» – acceptée le 3 mars – suscite d’autres doutes. Certes, elle transfère des pouvoirs des conseils d’administration aux assemblées d’actionnaires. Mais elle ne fixe pas de plafonds chiffrés. Parmi les initiatives de la même famille, certaines offriraient moins d’échappatoires. A première vue, c’est le cas des initiatives de l’Union syndicale suisse pour des salaires minimums et l’AVS («AVS plus: pour une AVS forte»). On n’est jamais assez vigilant.